Chronique d'une invasion
Une longue traque ... de multiples rebondissementsLes premiers dépérissements de frênes ont été observés en Pologne dès le début des années 90. Puis ce fut au tour de la Lituanie. On peut supposer que les premières alertes ont été lancées alors que les dégâts étaient facilement visibles et donc la maladie déjà bien installée. Ces dépérissements sont restés inexpliqués pendant plus d'une décennie, le changement climatique et l'augmentation de fréquence des évènements extrêmes (gel, sécheresse) fournissant des coupables tout désignés. En 2005, douze pays signalaient des dépérissements inquiétants de frênes communs. C'est seulement en 2006 que la cause de ces dépérissements est enfin identifiée par un chercheur Polonais. Il s'agit d'un champignon, de l'ordre des ascomycètes, que le chercheur décrit d'abord comme une nouvelle espèce appartenant au genre Chalara, d'où le nom initial de Chalara fraxinea. Trois ans plus tard, il émet l'hypothèse selon laquelle Chalara fraxinea serait en fait de la forme asexuée (anamorphe) d'Hymenoscyphus albidus (téléomorphe), un ascomycète décrit en Europe en 1851 et connu comme simple décomposeur de la litière (?) (feuilles mortes) de frêne. Cette hypothèse est cependant rapidement contredite par des analyses moléculaires, ce qui a conduit à utiliser provisoirement le nom Hymenoscyphus pseudoalbidus avant que le nom Hymenoscyphus fraxineus ne soit récemment proposé (2014) afin d'éviter toute confusion. Même si au 1er Janvier 2013 la communauté internationale a décidé de mettre un terme à la pratique qui consiste à nommer différemment la forme sexuée et la forme asexuée d'un même champignon, on utilise encore couramment les noms Chalara fraxinea et Hymenoscyphus fraxineus pour désigner l'agent responsable de la chalarose. Pendant ce temps, l'épidémie a progressé en Europe, atteignant la France en 2008 puis le Royaume Uni et l'Irlande en 2012. Concernant ces deux derniers pays - pourtant relativement isolés - il a été démontré que le champignon y a été introduit non pas par des courants aériens mais par l'import de plants de frêne élevés aux Pays-Bas. Un champignon "Made in Asia"Nouveau rebondissement en 2013, lorsque paraît une étude japonaise dans laquelle les chercheurs ont analysé des champignons isolés par l'un de leur collègue sur Fraxinus mandshurica en 1993. Alors que ces champignons avaient été identifiés comme appartenant à l'espèce Lambertella albida, le recours à des techniques moléculaires a permis de démontrer qu'il s'agissait déjà d'H. fraxineus. Plusieurs études sont venus compléter ces résultats, que ce soit au Japon, en Chine ou en Corée. Il semble donc évident que ce champignon est originaire d'Asie et il est permis de supposer que plusieurs espèces asiatiques ont coévolué avec lui et sont capables de le tolérer, ce qui n'est malheureusement pas le cas de nos frênes européens. La voie de son introduction en Europe n'a pas été élucidée. L'hypothèse d'un lien avec les introductions significatives de F. mandhsurica de la Sibérie orientale vers les pays baltes au temps de l'URSS a été explorée mais n'a pas pu être confirmée. |
La situation en France
La France diviséeC'est en Haute Saône que la chalarose du frêne a été détecté pour la première fois en France, en 2008. Un second foyer a été détecté dans le Nord en 2009. Le suivi de l'épidémie est réalisé de façon très précise en France grâce au réseau des correspondants-observateurs du Département de la Santé des Forêts (Ministère en charge de la Forêt). Aucun autre pays européen ne dispose d'un suivi de l'épidémie à une échelle aussi fine (cellules de 16 km x 16 km). En cas de suspicion de chalarose dans une zone préalablement indemne, un échantillon est envoyé pour analyse au Laboratoire de l'ANSEES (Agence Nationale de Sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) qui dispose des outils moléculaires nécessaires à l'identification du champignon. Toujours plus basL'épidémie progresse inexorablement vers le sud-ouest. Au printemps 2015, elle est aux portes de la région PACA et commence à progresser en Poitou-Charentes. |
Cycle de vie et symptômes