L'avenir du frêne est l'affaire de tous. Cinquième essence feuillue de nos forêts où il produit un bois de grande qualité, le frêne est aussi un élément majeur de nos paysages agricoles (bocage normand, marais poitevin ...) mais aussi urbains.
Qui aurait pu imaginer que cet arbre qui pousse un peu partout au point d'être parfois considéré comme envahissant serait un jour menacé de disparition ? Il existe hélas des exemples d'espèces forestières réduites à l'état de reliques du fait de l'apparition de nouveaux parasites. Ainsi l'orme - et surtout l'orme champêtre Ulmus minor - a connu un déclin majeur suite aux épidémies de graphiose.
La menace qui pèse actuellement sur nos frênes se nomme chalarose - prononcer "kalarose". Cette maladie est due à un champignon parasite dont l'origine asiatique a été démontrée il y a quelques années seulement. Détectée en France pour la première fois en 2008 (Haute-Saône), elle sévissait en Europe de l'Est depuis le début des années 90 et n'a cessé de se diffuser vers l'Ouest. Elle se caractérise par des symptômes multiples sur feuilles, sur rameaux, ainsi qu'à la base du tronc. Elle provoque des dégâts considérables sur frêne commun et sur frêne oxyphylle (deux des trois espèces poussant spontanément en France). Les jeunes plants sont particulièrement sensibles et meurent rapidement. Les arbres adultes dépérissent plus lentement mais très peu conservent un état sanitaire satisfaisant.
Malheureusement, d'autres menaces se dessinent à l'horizon. La plus médiatique se nomme l'agrile du frêne (Agrilus planipennis). Il s'agit d'un coléoptère originaire lui-aussi d'Asie et qui, vraisemblablement introduit accidentellement en Amérique du Nord à la fin des années 90, y provoque des mortalités de frênes qui se chiffrent en milliards de dollars. Détecté dans la région de Moscou en 2003 et se déplaçant de quelques dizaines de kilomètres par an, il est difficile d'imaginer qu'il n'arrivera pas jusqu'ici.
En réponse à cette urgence, l'INRA mobilise ses compétences scientifiques et techniques pour apporter réponses et solutions pratiques pour la sauvegarde du frêne. Sur son site d'Orléans, l'Unité Mixte de Recherche BioForA développe un programme national de sélection et de conservation du frêne commun. Ses travaux visent à la création de variétés adaptées à cette situation nouvelle et une mission de sauvegarde des ressources génétiques du frêne lui a été très récemment confiée par le Ministère en charge de la forêt.